Il est jaloux et ça le met dans tous ses états
La jalousie liée à l’œdipe
À la fin des terrible twos, les rapports de l’enfant avec ses parents – et plus particulièrement avec sa maman – se normalisent. Il a acquis le « je » et le « tu», il est désormais capable de dire « je te aime », il est donc prêt à faire son œdipe ! Cette période, qui s’étend en général jusqu’à l’entrée à l’école primaire, est toujours difficile pour le parent du même sexe que l’enfant, puisqu’il est vu comme un obstacle.
Côté filles
Les petites filles de 3-4 ans sont totalement prises dans leur période «Je suis une petite princesse ». Elles font les yeux doux à leur papa et passent leur temps à les charmer. Elles exigent sa présence («Je veux mon papa ! ») et n’hésitent pas à dévaluer la parole de leur mère («C’est même pas vrai,
je vais demander à papa ! »). Pendant toute cette période, le rôle des parents est de faire comprendre à leur fille qu’elle ne pourra jamais être la femme de son père. C’est particulièrement le cas lorsque la famille accueille un nouveau-né. Une petite fille, quand elle joue avec l’enfant, a souvent tendance à dire : «C’est mon bébé. » Il est alors très important de lui rappeler que ce n’est pas son bébé, mais celui de ses parents. Si on la laisse dire, elle risque de se persuader qu’elle a ellemême conçu cet enfant avec son propre père.
Côté garçons
Les garçons aussi charment leur mère : «Maman, c’est toi la plus belle. Quand je serai grand, je vais me marier avec toi! » Ils essaient d’écarter le père en jouant les gros bras, en prétendant tout maîtriser. C’est la période où ils s’identifient aux super-héros tels Batman, Superman ou Spiderman. Les pères ne doivent pas hésiter à remettre leur fils à leur place, quitte à être quelque peu radical: «Celui qui sait, c’est moi » ou «Tu ne pourras jamais être le mari de maman. C’est moi, son mari. Quand tu seras adulte, tu auras une femme qui ne sera pas ta mère ». De son côté, la mère doit éviter de câliner son petit garçon comme elle le faisait quand il était bébé ; elle doit le laisser vivre sa vie d’enfant et l’aider à grandir.
De la nécessité d’instaurer des rapports familiaux clairs
En somme, c’est le brouillard, le manque de clarté, qui perturbe le plus les enfants. Plus les rapports familiaux sont troubles, plus des troubles du comportement apparaissent:
troubles du sommeil, troubles de l’alimentation, manque d’obéissance, etc. Pour clarifier ces liens, il faut faire en sorte que les rapports entre les parents soient horizontaux («ma femme et moi », «mon mari et moi »), et que les rapports entre parents et enfants soient verticaux. C’est notamment pour préserver ce minimum de hiérarchie que je suis contre le fait que les enfants appellent leurs parents par leur prénom.
La jalousie entre frères et sœurs
La jalousie entre frères et sœurs est incontournable. Même dans les fratries au sein desquelles il ne semble pas exister de conflit latent, les ressentiments sont présents, tout simplement parce que chacun voudrait avoir pour lui tout seul l’amour de ses parents.
La jalousie de l’aîné
Il est à la fois à la place la plus et la moins enviable. La plus enviable parce qu’il sera le seul à avoir goûté aux délices de l’exclusivité de l’amour maternel; et la moins enviable parce qu’il sera aussi le seul à expérimenter la chute du piédestal: il devra se faire à la venue d’un ou de plusieurs rivaux, apprendre à partager, alors que pour les suivants, le partage sera une donnée de base. L’aîné est donc souvent très jaloux et exprime cette jalousie avec plus ou moins d’agressivité. Certains se remettent à faire pipi dans la culotte, pour qu’on s’occupe d’eux comme d’un tout-petit; d’autres disent «On va le vendre » ; d’autres font des bisous mordeurs, des câlins étouffeurs…
Les réactions à adopter
Les parents, par peur de « traumatiser » davantage leur aîné, hésitent souvent à le gronder, ce qui est une erreur. Il faut lui expliquer qu’il a tout à fait le droit de ne pas aimer son petit frère ou sa petite sœur, mais qu’on ne le laissera jamais lui faire de mal: «De la même façon que nous t’aimons, et que nous te défendrons si quelqu’un essaie de te faire du mal, nous aimons et nous défendrons ton petit frère ou ta petite sœur si quelqu’un essaie de lui faire du mal, même si ce quelqu’un c’est toi. » Mais rassurez-vous, cette forte agressivité se calmera rapidement dès que l’aîné aura constaté que son cadet est en admiration devant lui (dès 2-3 mois…).
Les conflits au sein des fratries
L’aîné est jaloux du cadet, le cadet est jaloux du benjamin, l’aîné est ravi que le benjamin rende jaloux le cadet. Si le cadet est du même sexe que l’aîné, les parents sont souvent un peu déçus, ce que l’enfant ressent forcément, d’autant plus si un troisième enfant de sexe différent arrive. Le petit dernier est jalousé par tous les autres parce qu’il est particulièrement gâté… Bref, la position des uns et des autres dans une fratrie a toujours de nombreuses conséquences, et entraîne avec les frères et sœurs des rapports complexes, où les bagarres ne sont pas rares.
Le rôle des parents
Quoi qu’il arrive, les parents doivent absolument éviter de « s’acharner » sur le même enfant. Il leur faudra observer réellement ce qui se passe entre frères et sœurs pour essayer d’être le plus juste possible. Pour cela, ils devront se débar-rasser de leur culpabilité face à l’amour différent qu’ils portent à chacun des enfants. En effet, il est illusoire de croire que les parents aiment tous leurs enfants de la même manière. Ils les aiment chacun totalement, mais différemment. L’idéal pour le leur prouver est de passer un peu de temps avec chacun d’entre eux quand c’est possible.
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