Je n’arrive pas à le faire dormir sans crise et sans larmes
À l’origine des cris nocturnes
Bien que le sommeil de la plupart des nourrissons soit souvent réglé à 100 jours, il arrive que d’autres continuent à se réveiller la nuit en poussant des cris. Si cette situation n’est
pas bien gérée, elle peut durer encore de nombreuses années,
rendant les nuits de la famille particulièrement agitées et
épuisantes.
L’odeur de la mère
Contrairement à une idée très répandue, à partir du troisième
mois les cris nocturnes ne sont plus dus à la faim. Aucun bébé
de plus de 100 jours ne se réveille la nuit parce qu’il a faim.
Comme pour les adultes, son sommeil est entrecoupé chaque
nuit d’une demi-douzaine de micro-réveils. Le problème, c’est
que lorsque ces réveils ont lieu dans la chambre des parents,
le bébé sent l’odeur rassurante de sa mère et n’a qu’une envie :
retrouver le contact de sa peau, boire son lait. Il n’est donc
pas recommandé de le garder auprès de soi jusqu’à ce qu’il
fasse ses nuits car on l’empêche ainsi de les faire ! Il ne s’agit
pas de déménager si on n’a pas de chambre supplémentaire,
mais d’essayer au moins de lui aménager un espace un peu à
l’écart. C’est ce que je recommande aux parents dont l’enfant
ne fait toujours pas ses nuits à 4-5 mois. Quand il se réveille,
c’est au père et non à la mère d’aller le voir dans sa chambre,
éventuellement avec un biberon pour l’aider à se rendormir.
Bien sûr, le bébé est déçu: il voulait tant sa mère ! Il crie !
Mais au bout de trois ou quatre nuits, il comprend que c’est
peine perdue, et le problème finit par se régler de lui-même…
La tétine perdue
De nombreux parents sont confrontés à ce désagrément:
l’enfant qu’on a habitué à sa tétine ne peut plus s’en passer
pour s’endormir. Lorsqu’il la perd pendant la nuit, il est incapable de la retrouver et de se rendormir tout seul. Il se met
donc à crier à chacun des micro-réveils qui jalonnent son
sommeil. C’est pour cette raison que je trouve le pouce plus
«pratique » : il permet aux enfants d’être plus autonomes. Un
enfant choisit seul de sucer son pouce ou pas, tandis que la
tétine relève de la toute-puissance des parents: ce sont eux
qui l’imposent et ce sont encore eux qui décident un jour de
la supprimer. Je conseille donc aux parents de ne jamais proposer de tétine à leur nouveau-né, mais de lui proposer leur
petit doigt jusqu’à ce qu’il trouve son pouce vers 4-5 mois.
Les terreurs nocturnes
On sait peu de choses des angoisses nocturnes des enfants en
bas âge. Je doute pour ma part qu’il s’agisse de cauchemars car
elles touchent les tout-petits avant 2 ans, 2 ans et demi, à un âge
où ils n’ont pas stocké assez d’images dans leur mémoire pour
pouvoir créer un film de toutes pièces. Ces terreurs n’en sont
pas moins tétanisantes pour les bébés et s’expriment d’ailleurs
par des cris stridents qui peuvent les réveiller complètement.
Si le bébé crie mais reste endormi, et que ses cris ne semblent
pas vouloir s’arrêter, il faut le réveiller pour le sortir de cet
état, le prendre dans ses bras, le réconforter. Attention toutefois à ne pas se précipiter au moindre gémissement: quand il
ne s’agit pas d’une terreur nocturne – facilement reconnaissable au volume sonore des cris de détresse –, il vaut mieux
laisser le bébé se rassurer tout seul, sinon il est très probable
qu’il continuera à se réveiller régulièrement.
Les peurs inconscientes des parents
En dehors des cas que nous venons de voir, si le bébé
continue à se réveiller, il faut essayer de s’interroger sur le
contexte relationnel de la famille. Pour comprendre l’origine des troubles du sommeil, il est important de rappeler
que les parents ne sont pas forcément « immédiatement »
responsables. Je me souviens de deux parents charmants,
aussi irréprochables que possible, dont la petite fille refusait de dormir. En discutant avec eux, j’ai fini par apprendre
que, pendant la grossesse, la mère avait perdu sa sœur, et le
père son frère ! Inconsciemment, il était impossible pour ces
parents de voir leur petite fille s’endormir puisque son arrivée
avait été associée à la mort. Celle-ci avait reçu le message
cinq sur cinq et ne cherchait qu’à les rassurer en leur criant:
«Je suis réveillée ! Je suis vivante ! » De manière générale, je
constate que de trop nombreux parents sont inaptes à fonctionner sereinement tant ils ont peur de la mort subite du
nourrisson. Je fais de mon mieux pour leur expliquer que la
mort subite est un phénomène exceptionnel. Il est d’ailleurs
beaucoup plus fréquent chez les adultes que chez les bébés:
et pourtant, on ne se dit pas adieu chaque soir en se brossant
les dents, n’est-ce pas?
Les peurs de l’enfant
La crainte de dormir peut aussi provenir de l’enfant luimême : certains refusent de fermer l’œil parce qu’ils ont
trop peur de la séparation et manquent de confiance en leur
entourage. Ils n’acceptent pas la perte de contrôle sur le réel
que représente le sommeil. Enfin, rappelons que nous ne
sommes pas égaux devant le sommeil et que certains enfants
ont tout simplement besoin de moins d’heures de sommeil
que d’autres!
Les cauchemars
Les cauchemars sont des sortes de films d’horreur. Mais
même les visions les plus anodines peuvent être inquiétantes
pour un bébé qui découvre que des images défilent dans sa
tête lorsqu’il dort. S’il se réveille en pleurant après un mauvais rêve, il faut bien évidemment le réconforter, lui expliquer que ces images n’ont rien de réel. La tentation peut être
forte de prendre l’enfant dans le lit parental, mais il est fondamental de ne pas céder. Ce lit est réservé au couple sauf
pour les moments de complicité familiale, par exemple le
dimanche matin
L’œdipe
Vers 20-21 mois, les garçons sortent souvent de leur
chambre pour tenter une incursion dans le lit parental et
s’immiscer entre leur père et leur mère. Évidemment, ils
pleurent lorsqu’on les en chasse. Mais il faut absolument
les en chasser! Il s’agit ici davantage d’un problème de territoire que de sommeil. C’est au père (mâle dominant) de
s’en charger en expliquant: «Ce n’est pas ta place. Ici, c’est
notre lit, à ma femme et à moi. » Il est important d’accepter
de frustrer les enfants de certains de leurs fantasmes. Je me
souviens d’un petit garçon de 4 ans qui quittait systématiquement son lit pour aller mettre la pagaille dans celui de ses
parents. Je leur ai conseillé de mettre un verrou à leur porte.
Leur fils a essayé d’entrer trois ou quatre fois, puis il a fini
par rester tranquillement dans son lit!
La peur du noir
À partir de 2 ans, beaucoup d’enfants refusent d’aller dormir
ou se réveillent en pleurant en pleine nuit. La peur du noir, qui
apparaît vers cet âge, peut être la cause de ces difficultés. Plongé
dans l’obscurité, l’enfant perd ses repères visuels et il panique.
Je déconseille les veilleuses parce qu’elles créent une lumière
qui n’est pas uniforme, et qui projette des ombres portées.
Laisser les rideaux ouverts sur les lumières de la ville, garder
la porte entrouverte pour qu’il puisse s’endormir avec celle du
couloir, lui confier une petite lampe de poche sont autant de
moyens de le sécuriser. Rassurez-vous, il n’en aura pas besoin
à vie! La parole est également primordiale dans ces situations:
apaisez-le en lui expliquant pourquoi il n’a rien à craindre.
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